Petit point historique sur le Cambodge post seconde guerre mondiale.


L'indépendance nationale du Cambodge date de 1953 et la reconnaissante officielle du royaume souverain de Sihanouk (le roi!) de 1954.

Mais Sihanouk va payer cher sa neutralité dans le conflit américano-vietnamien. Les USA arme la guérilla de droite cambodgienne qui sape pendant 10 ans, toutes tentatives de paix du gouvernement, l'incitant à rechercher de l'aide auprès de la Chine et du Vietnam du nord.

En 1965, la rupture entre Cambodge et États-Unis est totale.


1966 : des élections placent le général Lon Nol, pro américain, premier ministre et Sihanouk forme aussitôt un contre-gouvernement formé de personnalités de la gauche cambodgienne, dont de futurs khmers rouges. Le Cambodge sombre dans l’anarchie...les khmers rouges sont nés, baptisés par Sihanouk lui même... Khmer en référence à la principale ethnie du pays et rouge pour le communisme.


1970 : le parlement cambodgien proclame la destitution de Sihanouk, qui appelle le peuple à la résistance. Mais les insurgés qui envahissent la capitale sont massacrés par les troupes de Lon Nol.

Dans le même temps, Nixon donne son feu vert aux troupes américano-sud-vietnamiennes pour pénétrer les Cambodge et en chasser les révolutionnaires vietnamiens. Pour information, une escadrille lâchera à elle seule la moitié du tonnage totale de bombes utilisées dans le Pacifique pendant la guerre américano-japonaise. Rien que ça !

A partir de 1970, le Cambodge entre dans une guerre qui va se prolonger pendant plus de 20 ans coincé entre les États-Unis (via la Thaïlande et le Vietnam du sud), l'URSS (via le Viet-minh) et la Chine (qui arme les khmers rouges).

Lon Nol, à peine arrivé au pouvoir, décrète la loi martiale. Sous son régime, environ 800000 personnes seront victimes de divers affrontements.

Sihanouk, exilé à Pékin, constitue un gouvernement d'Union Nationale en s'alliant aux Khmers rouges qui entreprennent de libérer le pays.


1974 : le régime de Lon Nol est prêt à tomber.


17 avril 1975 : Année 0. Les Khmers rouges sont maîtres de la capitale et les habitants accueillent « les révolutionnaires » dans la liesse. Mais sous prétexte de bombardements américains imminents, les « libérateurs » procèdent à l'évacuation TOTALE de Phnom Penh en 48h ! 2,5 millions de personnes sont déportés vers les campagnes du nord et de l'ouest. Dans la foulée, toutes les villes sont évacuées. On ordonne à la population de gagnée les rizières pour se mettre au travail afin d'assurer l'autosuffisance alimentaire du « Kampuchéa démocratique » selon la nouvelle appellation du pays dirigé par l'Angkar (organisation suprême des Khmers rouges).

Le roi Sihanouk devient président du Kampuchéa mais démissionne en 1976. Il se retrouve alors enfermé au palais, sans pouvoir. Durant le génocide, il perd 14 de ses petits-enfants et ne garde la vie sauve que grâce à la pression de Mao sur Pol Pot car selon les chinois, on ne tue pas un dieu vivant...


La population est alors triée en 3 catégories :


Les militaires qui sont exécutés.

Les fonctionnaires et intellectuels : il suffit de porter les lunettes ou de posséder un stylo... sont envoyés dans des « villages spéciaux » puis finalement exécutés.

Le peuple qui doit rejoindre son village natale, se plier aux ordres et travailler dans des conditions proches de l'esclavagisme: charrues tirées par les hommes (les bœufs ont été tués), 10 à 12h de travail par jour, repas minimum voire supprimés si les quotas ne sont pas respectés.


Dans cette nouvelle société tout est remis en question : les gens doivent changer de nom, la lecture à l'école est remplacée par des chants et des danses révolutionnaires, les enfants appartiennent à l'Angkar, mariages forcés...

Cloisonnés dans les campagnes dont ils n'ont pas l'habitude, en proie aux maladies, au soleil, à la faim et aux travaux de force, les citadins (le peuple nouveau) sont condamnés à brève échéance.

Sous prétexte de non conformité idéologique, les jeunes aux cheveux long sont exécutés, de même que toute personne susceptible de connaître une langue étrangère. Les Khmers rouges haïssent toute forme d'intelligence.

« Il vaut mieux tuer un innocent que de garder en vie un ennemi. »

« A vous garder en vie, on n'a rien à gagner, à vous tuer, on n'a rien à perdre »

Ainsi, les potentiels opposants au régime ont été méthodiquement exterminés (et/ou torturés) : ouvriers, ingénieurs, enseignants, cadres, fonctionnaires, intellectuels...des hommes, des femmes, des enfants et parfois même des familles entières avec leurs bébés...

« Angkar est comme les ananas, avec les yeux qui regardent dans toutes les directions. »


Les Khmers rouges :

Les principaux dirigeants : Khieu Samphân, Leng Sary, Son Sen et Saloth Sâr (les initiales le prédisposait ???...) plus connu sous le nom de Pol Pot (Politique Potentielle...). Ils ont tous étudiés en France dans les années 1950.

Pol Pot, chef de l'armée, devient Premier ministre en avril 1976. Il admire Marx, Staline et Hitler... Il a appliqué au peuple khmer un génocide proportionnellement plus important que celui des nazis mais sur son propre peuple...

Bilan : 1,7 millions ( certaines estimations vont jusqu'à 3 millions) de morts soit 21% de la population cambodgienne de l'époque.


Chute des Khmers rouges :

Pol Pot et ses hommes rêvent de reconstituer l'Empire angkorien qui s'étendait au temps de sa grandeur sur une partie du Vietnam. Ils s'en prennent alors au régime de Hanoï qui avait pourtant prouvé face aux américains qu'il savait se défendre. Les vietnamiens ne se préoccupent par vraiment du sort des cambodgiens (ennemis héréditaires) mais l'influence de la Chine au Cambodge (autre ennemi héréditaire) et la menace des Khmers rouges à leur frontière les poussent à agir.

En décembre 1978, l'armée vietnamienne envahit le Cambodge et chasse les Khmers rouges de Phnom Penh.


Les vietnamiens installe Hun Sen au pouvoir, un Khmer rouge repenti...no comment. Mais les Khmers rouges sont encore là...ils placent alors des milliers de mines antipersonnel dans les rizières et les champs pour empêcher les paysans de travailler. Car sans récolte, le régime ne tiendra pas longtemps. Mais seule la population va en souffrir, encore.


Ce n'est qu'après 11 ans d'occupation que les vietnamiens se retire du Cambodge en 1989. Et c'est le 23 octobre 1991 que les accords de paix sont signés à Paris.

Suite aux élections, le 24 septembre 1993, Sihanouk redevient roi du pays et désigne son fils et Hun Sen respectivement premier et second Premier Ministre (et accessoirement ennemis notoires). Ce gouvernement de coalition glisse doucement mais sûrement vers une lente dérive du pouvoir visant à diminuer l'opposition. La démocratie et le multipartisme s'éloigne peu à peu mais personne ne s'en émeut...

En 1998, des élections « libres et équitables » placent de nouveau Hun Sen, mais seul cette fois, au pouvoir. Les responsables Khmers rouges qui se sont ralliés à lui obtiennent un poste de député... et ceux qui choisissent d'intégrer l'armée régulière garde leur grade et leur avantage. Le régime démocratique n'est toujours pas de mise et toute contestation est vite réprimée en silence ou dans la violence.

Malgré tout cela, les grandes puissance d'Europe et d'Asie soutiennent encore Hun Sen pour des raisons géopolitiques plus ou moins évidentes. En gros, celui qui contrôle l'armée mérite considération...

Il est actuellement toujours à la tête du pays...ce qui fait 34 ans...la démocratie quoi !