L'île de Pâques...


Un endroit qui nous fait rêver depuis longtemps...

Empreinte de magie, de mystères et de légendes, un point route s'impose pour essayer de mieux comprendre cette île du bout du monde...



« Les vents célestes soufflent de toutes parts ; balayant cette terre désolée, encerclée par l'immensité des flots, dominée par le ciel sans limite, l'espace infini, écrasée sous un silence imposant. L'habitant de ces terres vit à l'écoute de quelque chose que lui même ignore, sachant sans le savoir qu'il se trouve dans l'antichambre de quelque chose d'encore plus vaste qui les dépasse."

Katherine Routledge.



Pourquoi « l 'île de Pâques »?


Elle s’appelle ainsi parce c'est depuis ici que des lapins préparent les œufs pour le jour de Pâques. Puis, par un ingénieux système de galeries souterraines, ils les déposent dans les jardins des occidentaux le dimanche de Pâques !

Sans blague, l’île de Pâques est le nom donné par les Européens qui ont « découvert » l’île. Ce n’est pas le nom originel que les locaux lui avaient attribué.

C’est à un navigateur hollandais que l’on doit la découverte par le monde occidental de l’île et le nom qu’il lui attribua, « île de Pâques », pour marquer à jamais ce jour au calendrier : celui du dimanche de Pâques de l’an 1722.

Mais le cœur des habitants bat pour « Rapa Nui « le nom polynésien de l'île signifiant « la grande Rapa » en référence à Rapa, une île de Polynésie.

Derrière cette insistance à revendiquer le nom de leur île, se cache une lutte constante pour préserver leur identité et défendre, avec fierté, leur culture. Chilienne par loi, l’île fait avant tout partie de la Polynésie et affiche fièrement son statut d’île du bout du monde.

Surnommée Tepito Ote Henua ( «nombril du monde») par ses anciens habitants, Rapa Nui est l’île habitée la plus éloignée d’un continent et la plus isolée de la planète.Elle se situe à 3800 km des côtes sud-américaines, 4000 km de Tahiti et 2000 km de la première terre peuplée !

Enfin ça c'est que disent les pubs, parce qu'en réalité, c'est l'île de Tristan da Cunha, située en territoire britannique de l'atlantique sud qui est la plus isolée. Elle se situe à 2430 kms de l’île de Sainte Hélène ! Précision quand tu nous tient !

Mais qu'à cela ne tienne, l'omission volontaire de cette autre île ou le marketing fait que pour (presque!) tout le monde, c'est bien l'île de Pâques qui est la plus isolée !




Théories sur l’origine de l’île de Pâques


Premier mystère de l’île de Pâques : d’où viennent les premiers habitants de l’île ?

Un mystère qui intrigua des générations entières et qui continue à faire couler l’encre ! Voici un top 6 des théories sur les origines

du peuple rapanui.


1.Les sept explorateurs Polynésiens


La première théorie, la plus courante, avance que les habitants de l’île de Pâques seraient originaires des îles Marquises (situées à 3641 km de là) et seraient venus habités sur cette île entre le 6e et le 13ème siècle selon les estimations. Ils y vécurent heureux avant d’être découverts le célèbre dimanche de Pâques de l’année 1722.

La légende raconte que le roi Hotu Matu’a fit un rêve prémonitoire, le prévenant que ses terres seraient bientôt submergées par la mer. Il décida alors, sous les conseils d’un sage, d’envoyer sept explorateurs en direction du soleil levant, cherchant une terre propice à la vie pour y installer son peuple.

Après plusieurs jours de navigation, les sept navigateurs arrivèrent sur une petite île inhabitée à la terre fertile. Six des sept explorateurs repartirent prévenir leur roi, et revinrent ensuite peupler l’île avec leur peuple. Ils décidèrent alors de nommer l’île « Te pito o te henua », « le nombril du monde ».

La légende raconte que les sept moaïs de l’ahu Akivi furent érigés en l’honneur de ces premiers explorateurs…


2.L’origine américaine


Le pasteur William Elis, en 1820, défend l’idée selon laquelle les pascuans viendraient du continent américain. Incapables de construire des bateaux solides, ces habitants auraient profité des vents favorables qui les auraient portés d’est en ouest (le sens maritime le plus simple pour naviguer dans cette région).


3.Rescapés de l'Atlantide


Dumont d’Urville rejoint le pasteur Elis sur un point : les rapanuis seraient de piètres navigateurs. Mais partant de ce constat, il développa une tout autre théorie. D’après lui, les habitants rejoignirent cette île… à pied ! Il défend l’idée d’un grand continent, aujourd’hui disparu et englouti, qui reliait l’île de Pâques : l’Atlantide !

Pierre Loti part dans une idée assez similaire, imaginant des voies romaines perdues aujourd’hui sous l’océan, qui reliaient à l’époque l’île à l’Atlantide.


4. La réponse est dans la foi

Toute autre mentalité ici : celle des missionnaires du XIXe siècle qui, suite aux grandes analogies observées entre la culture des rapanuis et de la religion hébraïque, déduisirent une origine liée aux Hébreux !

L’on retrouve également des similitudes entre les récits fondateurs des rapanui et la Bible ou la Genèse. Et d’autres théories, sur ce principe de similitudes culturelles et cultuelles, attribuent aux habitants de l’île de Pâques des origines africaines, égyptiennes, aryennes… voire vikings. No limit !


5. Un peu plus près des étoiles…

Ces 50 dernières années ont vu émerger des théories plus originales et créatives les unes que les autres. Comme toujours, une réponse facile pour expliquer l’inconnu et l’incompris : les extraterrestres !

Se basant tantôt sur l’astrologie, tantôt sur les sciences occultes, certains défendent avec ferveur l’implication des extraterrestres dans la construction des moaïs, à coup d’ondes et de forces électromagnétiques.


6. D’un nombril du monde à un autre : la trace péruvienne

Le Pérou : origine de tout !

Le Norvégien Thor Heyerdahl travailla longtemps pour élucider le mystère des origines des habitants de l’île. Pour lui, une seule réponse possible : les premiers habitants viendraient du Pérou !

Il compara les deux cultures sous toutes leurs coutures : travail de la pierre (célèbre similitude entre l’ahu Tahira et les murs incas, avec ces pierres unies sans mortier et taillées finement), la présence de jonc de totora (plante qui ne pousserait qu’en Amérique du Sud) et d’autres plantes sud-américaines (comme un type spécifique de pomme de terre)...

Pour défendre sa théorie, ce Norvégien alla même jusqu’à tenter l’aventure d’une traversée en radeau de bois, en 1948, des côtes péruviennes jusqu’aux îles Marquises, démontrant par là le bien fondé (ou en tout cas la faisabilité) de sa théorie.


Précisions: les Incas sur l’île de Pâques ?


Il était une fois, au XVe siècle, le fils l’héritier du Grand Inca : Tupac Yupanqui.

L’histoire, telle qu’elle nous est rapportée par les chroniques des Espagnols (dont Pedro Sarmiento de Gamboa), raconte que Tupac Yupanqui, lors d’une campagne dans le nord de l’Empire inca, entendit parler d’îles lointaines au milieu de la mer.

Intrigué, il décida d’aller les conquérir et ainsi, d’étendre le territoire inca au-delà de l’horizon bleu. Il partit avec ses guerriers sur des radeaux à voile et, après des semaines de navigation, arriva sur deux îles appelées à l’époque Ninachumbi et Auachumbi, qui seraient les actuelles Mangareva (en Polynésie Française) et l’île de Pâques.

Quelles preuves avons-nous, hormis cette histoire, pour étayer la théorie du contact inca ?

L’historien péruvien José Antonio del Busto avance plus d’une trentaine de preuves pour appuyer son idée. Entre autres :


Il existe à Mangareva (ainsi que sur les îles Marquises) une légende intéressante, parlant d’un roi nommé Tupa, qui arriva de l’est sur des radeaux à voile, apportant l’orfèvrerie, la céramique et le textile.

Le fils du Grand Inca, sur l’île de Pâques, se serait fait appeler « Mahuna-te Ra’a », qui signifie « fils du soleil »… Ce qui rejoint les appellations classiques propres aux Incas et leurs croyances selon lesquelles les chefs incas sont les descendants du dieu soleil.

L’on raconte également qu’à son retour au Pérou, Tupac Yupanqui rapporta des personnes à la peau noire et des objets inconnus conservés ensuite dans la forteresse de Sacsayhuaman.


Un mythe rapanui raconte qu’un jour, des navigateurs d’origine et de culture inconnues arrivèrent sur l’île de Pâques. Ceux-ci étaient physiquement très différents : plus corpulents et plus robustes, ils avaient également des lobes d’oreilles plus étirés… Ce dernier trait physique les rapprochant des Incas de haute société.


Poussant cette légende un peu plus loin, l’on pourrait considérer les derniers moaïs comme des représentations des Incas : nez effilé, lèvres minces, menton proéminent… des traits typiques des Incas ! Le pukao représenterait le llautu inca : un turban que seuls l’Inca et sa garde peuvent porter, signe d’élite au même titre que les les oreilles allongées.


Selon l’historien Français Jean Hervé Daude, les plateformes de Vinapu sont construites selon le même modèle que les « Chullpas de Sillustani » du lac Titicaca au Pérou et que les murs de Cuzco.

Malheureusement, le mur de l’ahu Tahira a été endommagé à coup de dynamite par l’équipage de l’USS Mohican en 1886, à la recherche d’or et matières précieuses (pour ne trouver finalement que quelques ossements…).


Pour l’archéologue Sergio Rapu, les yeux des moaïs constituent un lien entre les cultures rapanui et inca : la technique derrière ces yeux d’obsidienne et de corail se retrouverait également chez les Mochicas.

Des études génétiques, menées par Jean Dausset, soutiendraient que les anciens Rapa Nui ont le même ADN que les indigènes sud-américains.

Mais cette étude génétique a été controversée : des études d’ADN plus récentes relient les Pascuans avec les Polynésiens. Et, génétiquement parlant, ces derniers sont plus proches des Asiatiques que des Sud-Américains.


Alors : contact Inca ou pas contact inca ?

À l’heure actuelle, cette théorie reste une hypothèse...



L’origine des différentes vagues de peuplement reste donc controversée bien que les analyses génétiques révèlent une origine clairement polynésienne.

Une seule chose est sûre, à l’arrivée des polynésiens, en 1200 d'après les dernières études génétiques, l’île était déserte ...




Naissance, apogée et effondrement : 3 théories



Pourquoi l’époque des moaïs s’est-elle arrêtée ? Pourquoi la civilisation rapanui a-t-elle décliné ? Pourquoi restait-il si peu d’habitants sur l’île à la fin du 19ème siècle ?

Tant de mystères planent autour de l’effondrement ou du déclin de la culture de l’île de Pâques !

Selon les théories admises actuellement, la culture rapanui connut son apogée entre les années 1200 et 1500. Fin du 15ème siècle, on estime qu’il y avait entre 6000 et 10 000 habitants (certains vont jusqu’à dire 30 000) vivant sur l’île. Le jour de sa découverte par le reste du monde, le dimanche de Pâques de l’an 1722, l’on recensa entre 2000 et 3000 habitants. Et fin 19ème, certains chiffres mentionnent entre 150 et 300 habitants.


Que s’est-il donc passé sur cette île ?

Il existe plusieurs théories pour expliquer cette dramatique évolution :


la théorie de l'écocide

la théorie climatique

la théorie des rats

la théorie de la guerre

la théorie de la colonisation


1. La fable écologique


Selon Jared Diamond, le déclin de l’île est dû à l’action dévastatrice de l’homme sur son environnement. Ce géographe est l’auteur d’un livre mondialement connu : « Effondrement », dans lequel il affirme que les habitants de l’île ont commis un « écocide » involontaire.

Cette théorie veut que la civilisation de l’île de Pâques a signé son arrêt de mort en coupant son dernier arbre. Quel symbole fort ! Quelle image poignante ! La surexploitation de la nature « jusqu’au-boutiste » causant la fin d’une époque, la fin d’un peuple…

Depuis lors, l’on reprend souvent l’île de Pâques comme exemple emblématique des effets néfastes de l’Homme sur son environnement…

Pour défendre ses idées, il se base entre autres sur les études du biogéographe néo-zélandais John Flenley, selon lesquelles l’île de Pâques a un jour été recouverte de forêts luxuriantes. Ces forêts auraient laissé la place à des prairies après l’arrivée des polynésiens. La plus grande malchance des habitants de l’île serait ainsi de s’être installés sur une terre extrêmement fragile (aride, froide, isolée et donc peu encline à être fertilisée par les vents porteurs de pollen).

Nécessitant beaucoup de bois pour la construction de leurs habitats et bateaux de pêche, la vie quotidienne et surtout le déplacement des moaïs, les rapanuis auraient décimé des forêts entières. Peu à peu, le bois devenant rare, ils auraient cessé de construire des moaïs et des bateaux de pêche, se nourrissant de la chasse aux oiseaux. L’érosion des sols s’accéléra vu la disparition des arbres, réduisant encore le faible rendement des récoltes. Face à cette situation précaire, le culte des moaïs fut abandonné et la guerre civile fit rage, les habitants mourant de faim se mettant à pratiquer le cannibalisme.


Ainsi, selon Jared Diamond, l’effondrement de cette civilisation isolée est l’exemple le plus frappant d’une société qui s’autodétruit par la surexploitation de ses propres ressources.

Thèses réfutant la théorie de l’effondrement

Des théories plus récentes rejettent cette théorie ou englobent cette crise écologique dans un tableau plus complet : l’évolution sociale, la guerre des clans et la transition à de nouvelles croyances représentée par le passage du moaï à celui de l’homme oiseau.

Ainsi, si la thèse écologique séduit le grand public, elle ne fait pas l’unanimité auprès de la communauté scientifique. De nombreux fondements de cette thèse sont remis en question, comme l’interprétation des résultats des fouilles archéologiques et les fondements moraux et politiques soutenant cette thèse.



« Plus qu’un cas d’échec abject, Rapa Nui est l’histoire d’un improbable succès » Terry Hunt et Carl Lipo



2. Théorie climatique


À côté de la théorie de l’écocide, d’autres chercheurs soutiennent la théorie climatique. 

Les habitants de l’île de Pâques auraient, à un moment donné de leur histoire, dû affronter une longue période de sécheresse, poussant la société à se tourner avec désespoir vers la religion et le culte des moaïs pour adresser des prières afin que la pluie revienne. Ce désespoir croissant expliquerait la frénésie des habitants à construire des monolithes… ainsi que le déclin de cette pratique : les moaïs restant impuissants à faire revenir la pluie, les habitants se seraient révoltés et tournés vers un autre culte (l’homme oiseau).

Dans la même idée, certains lient la sécheresse extrême avec le phénomène El Niño, qui peut être extrêmement fort et destructeur.



3. Théorie des rats


Une autre théorie pour expliquer le déclin de la civilisation rapanui est celle des rats polynésiens.

Si la cause diffère, le résultat de cette thèse rejoint la théorie de l’écocide, avec une civilisation qui périclite face à l’amenuisement de ses ressources naturelles.

Les rats ont débarqués accidentellement avec les premiers colons. «L’histoire est banale, précise Carl Lipo. Le rat polynésien – rattus exulans – a déboisé d’autres îles du Pacifique où il a débarqué ! Plus tard, l’introduction de faucons chiliens par les Européens a permis de s’en débarrasser.» Mais, au 18ème siècle, sur l’île de Pâques, il n’y avait encore ni chat, ni rapace. Les rongeurs auraient alors proliféré, se gavant de fruits, de graines et de racines, mais aussi d’œufs, détruisant peu à peu la flore et l’avifaune de l’île. La raréfaction des arbres aurait à son tour touché la pêche en haute mer car, sans bois, point de pirogue.

Les chercheurs ont analysé les vestiges des noix de palmiers (disparus de l’île) et y ont observé des traces de dents de rongeurs.

Néanmoins, ces chercheurs précisent bien rien n’indique que cette civilisation ait disparu à cause la déforestation de l’île.



4. Théorie de la guerre


Une autre thèse est contestée : l’idée que cette société aurait, au 17ème siècle, après avoir détruit son environnement, sombré dans la guerre à outrance. La tradition orale évoque, il est vrai, une lutte sans merci entre les deux tribus de l’île, les Courtes Oreilles et les Longues Oreilles. Selon ces récits, les premiers, dominés par les seconds et contraints par eux de sculpter et de transporter les moaïs, se seraient rebellés et auraient massacré leurs rivaux jusqu’au dernier, brûlant les corps dans un fossé près du volcan Poike.

Légende ou réalité ? Les chercheurs sont sceptiques. «Ces conflits ne sont pas confirmés par l’archéologie, dit Mara Mulrooney. Par exemple, on ne trouve pas trace du fossé où les Longues Oreilles auraient été exterminés.»

En outre, les vestiges de mata’a, des lames d’obsidienne dont l’abondance a longtemps été considérée comme la preuve d’une violence endémique, n’auraient pas été des pointes de lances, mais de simples outils pour la sculpture ou le jardinage. Dans les sociétés guerrières, explique Carl Lipo, «les armes sont optimisées pour tuer, elles sont pointues afin de percer les organes vitaux. Le fait que les mata’a ne soient presque jamais pointues indique qu’elles n’étaient pas destinées à un usage violent. La meilleure preuve est que, lorsque des rapanuis se sont battus contre des Européens (aux 18ème et 19ème siècles), ils leur ont jeté des pierres, mais n’ont pas utilisé de mata’a.» De son côté, le professeur Stevenson souligne qu’il n’existe «aucune trace de fortifications» sur cette île volcanique où les pierres sont pourtant omniprésentes. Or des clans guerroyant en permanence n’auraient pas manqué de se barricader.



5. Maladies, esclavage... Une banale horreur de colonisation...



L' anthropologue américain Christopher M. Stevenson précise qu'il n’est même pas certain que toutes ces difficultés aient été suffisamment critiques pour provoquer l’effondrement de la société. Comme il l’explique dans une étude parue en 2014, c’est surtout du contact avec les Européens que les rapanuis auraient pâti...

Plutôt que d’un «écocide», les rapanuis auraient été victimes d’un choc colonial tragiquement banal, comme tant d’autres peuples du Pacifique et des Amériques, balayés par les fusils, l’esclavage et la petite vérole.

Après leur arrivée en 1722, les marins néerlandais tirèrent sur les «sauvages». Selon les estimations que fit Jacob Roggeveen à l’époque, l’île aurait compté 2 000 à 3 000 habitants. Et sans doute plus car de nombreux rapanuis se cachèrent dans des grottes jusqu’à ce que les intrus remettent les voiles, une dizaine de jours après leur tonitruante entrée en scène.

Le professeur Stevenson rappelle qu’en 1770 l’expédition espagnole de González de Ahedo introduisit des épidémies, contre lesquelles le système immunitaire des insulaires était sans défense. Le comble de l’horreur fut atteint en 1862, quand des trafiquants d’esclaves déportèrent 1 500 pascuans dans les mines du Pérou, où les malheureux furent décimés par les maladies et les mauvais traitements. Grâce à l’intervention du consul de France à Lima, la demi-douzaine de survivants fut libérée et rapatriée à Rapa Nui. Ces miraculés, porteurs sains des microbes du continent, les transmirent à leur peuple.

Seules 111 personnes en réchappèrent. Les scribes de l’île moururent lors de ces épidémies et la signification de l’écriture rongo-rongo se perdit, peut-être à jamais. Les chercheurs continuent de l’étudier mais ne parviennent pas à la déchiffrer. L’écrivain Pierre Loti, en visite sur l’île en 1872, décrivit les squelettes qui jonchaient le sol. Résultat d’épidémies qui laissèrent trop peu de survivants pour enterrer les morts, dont les cadavres étaient par ailleurs contaminés. Aujourd’hui encore, alors que l’île compte 6 000 habitants, les jeunes, fiers de leurs racines, évoquent avec amertume ce chiffre de 111, symbole de l’hécatombe qui a failli annihiler leur peuple.



La thèse de l’effondrement serait donc obsolète. «C’est une vue de l’esprit, basée sur des données paléo-écologiques incomplètes, conclut le professeur Valentí Rull. Le public, la recherche, les médias ont été aveuglés par leur volonté d’ériger Rapa Nui en symbole de l’humanité destructrice de son environnement. » La réalité serait celle d’une société qui, loin de se suicider en gaspillant ses ressources, a au contraire cherché à s’adapter face aux périls.

Dernière précision importante, la culture rapanui même si elle a beaucoup souffert au cours de l’histoire n’a jamais disparu !

La richesse de leur patrimoine et de leur culture est encore transmis de nous jours par les habitants de l’île.