Les aborigènes..

J'avais l'espoir en venant en Australie d'en apprendre un peu plus sur ce peuple, sa culture, ses traditions... Mais il faut bien avouer que ce n'est pas chose aisée. Est-ce parce que nous n'avons pas poussé les bonnes portes ? Est-ce parce que les anglais ont tellement bien fait leur travail que cette culture s'est, non pas perdue, mais en grande partie transformée ?

Je me demande, aujourd’hui, ce qu’il reste de cette culture aborigène.

De ce fait, c'est vers internet que je me suis tournée pour essayer d'en apprendre un peu plus et pouvoir transmettre aux enfants une (petite...) introduction à cette culture millénaire...

Puis, en nous rendant au Brambuk Cultural Center de Halls Gap, j'ai eu un aperçu de la colonisation du point de vue des aborigènes et là ça fait carrément froid dans le dos (certaines dates sont vraiment proches...)

Voici donc ce que j'ai récolté :



Au commencement :


Au commencement, les aborigènes d’Australie seraient originaires d’Indonésie. Les preuves scientifiques et archéologiques démontrent que l’occupation humaine date environ de 40000 ans. La nature a fait son œuvre et les donc a enfermés sur cette grande île de l’Océanie. Ils y ont vécu tranquillement jusqu’il y a un peu plus de 200 ans, quand les Anglais sont arrivés.


Pour aller plus loin :


Le peuple aborigène c’est environ 400 tribus sur tout le territoire australien. Chacune possède des coutumes spécifiques et sa propre langue, ou presque.


Les aborigènes n’ont pas de bible. Leur spiritualité est « écrite » dans le territoire sur lequel ils vivent. Elle se transmet oralement de génération en génération.

L’Australie est gigantesque, il y a donc une multitude de « bibles » différentes… et de cultures différentes. La culture aborigène n’est pas unique.

Pour ces raisons, il est difficile, aujourd’hui de découvrir la culture aborigène.

Il y a malgré tous des points communs à tous les mythes aborigènes.

L’homme est toujours considéré comme une composante de la nature. Il n’est en rien supérieur au kangourou ou au spinifex, on fait tous partie d’un tout.

Et donc, tout ce qui est pris à la nature doit lui être rendu.

Dans cette idée, les aborigènes ne conçoivent pas la propriété. Puisqu’on n’est pas supérieur à la nature, personne ne peut être propriétaire d’un morceau de cette dernière. Pour eux, les êtres ancestraux permettent aux hommes d’utiliser les ressources de la terre, mais en aucun cas, il n’est question de se l’approprier.

L’homme tue ou ramasse seulement ce dont il a besoin. Ce n’est pas dans la culture aborigène de faire des réserves ou d’accumuler inutilement.

Ce respect de la nature sous-tend toutes les cultures aborigènes.


La création : le (temps du) rêve et les êtres ancestraux


Les croyances du peuple des aborigènes d’Australie commencent par l’origine du monde : le rêve aussi appelé « Dreaming time », littéralement le temps du rêve. Mais contrairement à ce que la traduction littérale peut suggérer, le temps du rêve existe toujours aujourd’hui. C’est un peu comme une autre dimension qui interagit avec la nôtre.

Le rêve est peuplé d’êtres ancestraux (« ancestral being ») qui sont à l’origine de tout ce qui existe. Ces personnages mythologiques ont tout créé : la nature, les hommes, les animaux et le fonctionnement de tout cela.

Le point important, c’est que ces êtres ancestraux influencent encore le monde d’aujourd’hui. Ils sont, en quelque sorte, les esprits de la nature présents en toute chose.

Chaque tribu s’identifie, particulièrement, à un être créateur du rêve. Cet être, comme un totem, a créé l’endroit où ils vivent et les particularités de celui-ci.

Ensuite, d’autres mythes, avec d’autres êtres ancestraux, racontent comment vivre sur la terre : de quoi se nourrir, à quelle période, quelle est la place de chacun dans la vie de tous les jours…

Les histoires de ces êtres ancestraux étaient racontées à travers des mythes, dessinées dans les peintures aborigènes, mais aussi intégrées dans des cérémonies qui se déroulent au rythme des saisons. Ces dernières sont des mises en scène de certaines légendes et marquent des événements particuliers dans l’année (la récolte des fruits, la chasse de certains animaux…)

Une initiation précoce

L’apprentissage de la tradition aborigène, des significations de mythes et cérémonies, se faisait dès le plus jeune âge au rythme de la nature.

Au fur et à mesure de son existence, l’enfant, qui devenait adulte, apprenait, avec l’aide des plus anciens, petit à petit, à saisir la complexité et les messages plus profonds des différentes histoires. Ces dernières ont l’air assez simples, à première vue, mais sont en réalité très riches en apprentissages pour les initiés.

« Where men write, memory is not stored ; but where men do not write, memories are full »


Les aborigènes de Melbourne : la nation Kulin


D’abord, quelques présentations.

À Melbourne, il y a les aborigènes Wurundjeri. Autour d’eux, il y a les Wathaurong, à l’ouest, vers Geelong, et les Bunurong, dans la baie de port Philip. Un peu plus au nord, à l’intérieur des terres, il y a, à l’ouest, vers Bendigo, les Dja Dja Wurrung et vers l’est, dans les montagnes, les Taungurong.

Tous ensemble, ces peuples formaient la nation Kulin.

Êtres ancestraux et mythes des Wurundjeri

Pour les aborigènes de la nation Kulin, Bunjil est le premier être ancestral. Il a la forme d’un aigle et d’un humain.

C’est lui qui a créé la terre, les arbres, les oiseaux, les animaux…

Un jour, il a sculpté un homme dans la boue des bords de la rivière et il lui a ensuite soufflé la vie. Le premier humain était né.

Puis, le frère de Bunjil, Balayang la chauve-souris, a sculpté la femme. Le premier homme n’était plus seul.

Par la suite, d’autres êtres ancestraux arrivent : entre autres les deux femmes de Bunjil et son fils (Binbeal, l’arc en ciel).

Bunjil est, aussi, assisté par des sortes de shamans. Ils représentent les différentes tribus Kulin et ont la forme entre autres de faucons, d’opossums et de perroquets.


L’histoire de la création de la baie de Port Philip


« Dans le temps passé, la terre de Melbourne s’étendait jusqu’à l’océan. La Baie de Port Philip était plate et les Boon Wurrung y chassaient le kangourou.

Un jour, le chaos est arrivé. La guerre entre les Boon Wurrung et les autres tribus de la nation Kulin faisait rage. Les enfants étaient négligés, les plantes étaient négligées, les animaux étaient tués sans être mangés, les poissons-captures pendant le frai…

Le chaos grandissait et, un jour, la mer s’est mise en colère. Elle a commencé à s’élever jusqu’à couvrir toute la plaine et menacer d’inonder tout le pays.

Le peuple est alors allé voir Bunjil pour lui demander d’arrêter la montée des eaux. Mais Bunjil leur a répondu qu’ils devaient changer leurs façons de vivre s’ils voulaient être sauvés.

Le peuple a réfléchi et promis de suivre Bunjil et de respecter ses lois.

Ce dernier est sorti avec sa lance et a arrêté la montée des eaux.

[…]

Bunjil a enseigné aux hommes à toujours accueillir les visiteurs, mais, seulement, en échange de la promesse d’obéir aux lois de Bunjil et de ne pas nuire aux enfants de la terre de Bunjil.

[…]

L’esprit du créateur veille toujours sur la ville de Melbourne ! »

Les légendes aborigènes retracent exactement les évolutions de la nature.


Si certains récits peuvent paraître très simples ou enfantins, beaucoup d’entre eux sont des images exactes des territoires d’autrefois.

Des scientifiques ont comparé les descriptions de paysages des mythes aborigènes avec ce qu’ils savent des paysages du temps passé. Il s’avère que ces descriptions sont rigoureusement exactes et permettent de retracer l’évolution des paysages jusqu’à au moins 7 000 ans en arrière.

Certains mythes, souvent des chants sacrés, sont aussi des cartes très précises des régions. La route à suivre entre deux endroits en se repérant grâce aux éléments du paysage, les endroits où trouver de l’eau, de la nourriture…

Les aborigènes n’avaient pas besoin de GPS, ils avaient des chansons



La légende de la création de Gariwerd.


Gariwerd, c'est le nom que donnait les Jardwadjali et les Djab Wurrung, les aborigènes des Grampians à la chaîne de montagne. Le parc national s'est d'ailleurs appelé « Grampians (Gariwerd) national park » en 191, mais en 1992, le nouveau gouvernement lui a redonné son nom anglais.



Dans le temps avant le temps, l’Esprit du Grand Ancêtre, Bunjil, a commencé à créer le monde que nous voyons autour de nous. Les montagnes, les lacs, les forêts et les rivières, les plaines et les mers. Il a créé toutes les plantes et tous les animaux.

Quand il eut fini de créer la belle chaîne de montagnes de grès de Gariwerd, il reprit la forme de l’Aigle afin qu’il puisse voir son travail. Il a regardé les falaises et les montagnes. Il a écouté le son de l’eau qui gouttait, après la pluie, et s’agitant dans les cascades. Il a regardé les plantes et les animaux pousser, depuis la mousse et de minuscules brins d’herbe, jusqu’aux arbres grands et solides, depuis les oiseaux qui volaient, jusqu’aux animaux qui creusaient le sol.

Bunjil avait un endroit spécial près de Gariwerd. De là, il pouvait surveiller au-dessus des montagnes, avec ses deux assistants, deux wirringans (des dingos).


Bunjil a désigné deux frères, les frères Bram-Bram-Bult, les fils de Druk la grenouille, pour terminer la tâche qu’il s’était fixée. Leur travail était d’apporter de l’ordre au nouveau monde. Nommer les animaux et les créatures, pour faire les langages et donner les lois.

À la fin de son temps sur terre, Bunjil se leva dans le ciel et devint une étoile. Il est toujours là, aujourd’hui, comme protecteur du monde naturel, de son peuple et de ses croyances.

Pendant ce temps, les frères Bram-Bram-Bult avaient un gros travail pour trier les choses ici sur terre.


Il y avait un énorme et féroce émeu appelé Tchingal qui vivait de la chair des hommes et des animaux. Sa maison était dans la cambrousse de Malee (eucalyptus locaux). Là-bas, il avait pondu un œuf énorme.

Un jour pendant que Tchingal était loin du nid, Waa le Corbeau vola au-dessus. Se sentant en appétit, Waa décida de manger l’œuf. Il se rassasiait joyeusement, quand Tchingal revint.

Le monstrueux émeu était furieux. Waa prit la fuite à travers le pays vers Gariwerd, avec Tchingal juste derrière lui.

Comme il s’approchait des montagnes, Waa vit une fissure dans les montagnes devant lui. Il se réfugia dedans, pensant qu’il y serait protégé de Tchingal.

Mais Tchingal se jeta sur la montagne et la frappa d’un puissant coup de pied. La montagne s’ouvrit sous la force de l’impact, libérant un ruisseau de montagne et créant une vallée : Barigar, également appelée Rose’s Gap.

L’émeu vit Waa s’envoler vers l’ouest. Il le poursuivit, à travers Barigar, jusqu’à l’autre côté de la montagne.

Waa trouva une autre fissure dans la montagne. Désespérément, il tenta de s’y cacher, mais à nouveau Tchingal jeta un puissant coup de pied à la roche et la cassa net. C’est ainsi que Jananginj Njaui (Victoria Gap) a été formé et que Bugara (rivière Glenelg) se déverse sur les plaines occidentales.

Le soleil se rapprochait de l’horizon, alors Tchingal décida d’établir son campement au pied du nouvel écart. C’est pourquoi l’endroit s’appelle Jananginj Njaui, ce qui signifie « Le soleil s’en ira ».

Le lendemain matin, Waa se leva tôt et s’échappa vers le marais Moora Moora. Comme c’était son site-totem, et donc un territoire sacré, il était interdit à Tchingal de suivre là-bas.


Tchingal était en colère, mais il était aussi très affamé. Juste à ce moment, il vit un homme, Bunya, qui chassait au loin. Il décida de s’en faire un repas.

Quand Bunya, qui n’était pas très courageux, se rendit compte que l’émeu était après lui, il partit, aussi vite qu’il le pouvait.

Au lieu d’utiliser ses lances pour se protéger, comme un guerrier l’aurait fait, il les jeta au sol et grimpa dans un grand arbre.

Tchingal, ne sachant pas escalader, décida d’attendre. Il savait que Bunya devrait descendre à un moment.


Pendant ce temps, Waa le Corbeau avait volé au nord, où les frères Bram-Bram-Bult étaient restés. Il leur parla de sa fuite effrénée et de la férocité de Tchingal. Déjà en colère contre l’émeu pour ses mauvaises actions, les deux frères décidèrent de le punir.

Ils descendirent dans les montagnes et virent ce qu’ils pensaient être une étoile filante briller. C’était l’œil de Tchingal.

En approchant de l’oiseau par différentes directions, les frères s’approchèrent et jetèrent leurs lances. Une frappa l’émeu dans la poitrine, une autre, dans la croupe, et la dernière, dans le cou. Tchingal était furieux et enragé contre les deux frères, mais il était mortellement blessé.

Il courut vers les plaines du Nord, tout en perdant son sang. Il mourut rapidement, mais le chemin du sang qu’il laissa derrière devint la rivière Wimmera.


Les Bram-Bram-Bult s’approchèrent maintenant de l’arbre où Bunya s’était caché. Ils lui dirent de descendre, mais Bunya avait trop peur et leur dit qu’il resterait là jusqu’à ce qu’il soit certain que Tchingal était mort.

Le frère aîné se fâcha contre tant de lâcheté. Il agita sa lance et transforma Bunya en opossum. De cette façon, il pourrait toujours rester dans les arbres et n’en descendre que la nuit pour chasser.

Atteignant l’endroit où Tchingal était mort, les frères ont arraché toutes les plumes de l’émeu. En divisant chaque plume en deux parties égales. Ils jetèrent une moitié vers la gauche, l’autre, vers la droite, faisant deux piles de plumes d’émeus. Chacun de la taille des émeus d’aujourd’hui.

Le fractionnement des plumes peut toujours être vu sur tous les émeus. Leurs plumes sont doubles, avec deux moitiés séparées.


Après avoir festoyé en mangeant la chair de Tchingal, tous les gens se mirent en route pour collecter son œuf. Mais, ce dernier était tellement lourd que personne n’arriva à le soulever, jusqu’à ce que Babimbal, le passereau (Wattlebird), arrive. Il était très fort et réussit à porter l’œuf à Horsham, où il fut cuit et transformé en festin.

Babimbal eut l’honneur de distribuer les plats, et, ce faisant, il s’est éclaboussé avec un peu de jaune, créant les couleurs qu’il a aujourd’hui.

Avant de partir, les Bram-Bram-Bult ordonnèrent aux émeus de diviser leur seul grand œuf en plusieurs, plus petits, de sorte qu’ils ne seraient pas aussi protecteurs que Tchingal l’a été. De cette façon, ils espéraient préserver la paix.


Maintenant, si vous regardez la Croix du Sud, vous pouvez voir cette histoire racontée dans les étoiles.

À la tête de la Croix, il y a Bunya, l’opossum timide.

Trois des étoiles en dessous sont les lances lancées par les Bram-Bram-Bult. La grande étoile occidentale est la lance qui a frappé Tchingal dans la poitrine, la petite étoile, à côté de celle-ci, est la lance qui a traversé son cou et l’étoile au fond de la Croix est la lance qui l’a frappé dans la croupe.

Tchingal, lui-même est la forme sombre qui se trouve à côté de la Croix du Sud.

L’étoile orientale de la croix est Druk la grenouille, la mère des Bram-Bram-Bult, et les deux frères sont les étoiles, à gauche de la Croix du Sud. Waa, le Corbeau, est à une distance sure de l’autre côté du ciel, c’est l’étoile que nous connaissons comme Canopus.